Aller au contenu principal

Le Bon Sauvage

Des relations économiques - essentiellement fondées sur le commerce des fourrures - s’établissent entre les Français et les tribus indiennes de chasseurs-cueilleurs : Algonquins, Micmacs, Hurons… et, en 1603, l’arrivée au Canada de Samuel de Champlai

Dès le XVIe siècle, les Français ne semblent pas nourrir de préjugés raciaux particuliers à l’encontre des populations indiennes. Engagés dans la traite des fourrures, les colons coureurs de bois se familiarisent avec les langues et coutumes indiennes et «s’indianisent» en partageant la vie quotidienne des tribus, leur apportant une image différente de celle des missionnaires et des militaires et favorisant leur compréhension du monde européen. Depuis 1536, un certain nombre d’Indiens d’Amérique du Nord ont fait le grand voyage d’Europe. Ils découvrent Paris, sont reçus à la Cour, nourrissent l’inspiration d’écrivains comme Rabelais ou Montaigne, alimentent le mythe du «bon sauvage» cher à Jean-Jacques Rousseau. Ils suscitent généralement curiosité et sympathie
Le Canada et la rive gauche du Mississipi cédés à l’Angleterre au traité de Paris de 1763, la Louisiane vendue aux États-Unis en 1803 pour 15 millions de dollars aux États-Unis, il ne reste rien de «l’Empire français» du Nouveau Monde, mais la francophonie reste très vivante dans les territoires perdus.

Les objets

Estampe
Media Name: l.jpg
© Musée franco-américain du château de Blérancourt - RMN
Prêtre médecin de la Californie, 1796
L. Labrousse (d’après Jacques Grasset de Saint-Sauveur) Prêtre médecin de la Californie, 1796

Planche illustrant l’Encyclopédie des VoyagesEau-forte aquarellée23,6 x 18,8 cmInv. MNB, 48C15Don de Miss Anna Murray Vail, 1948

Né à Montréal le 16 avril 1757, au début de la Guerre de Sept ans, Jacques Grasset de Saint-Sauveur émigre en France en 1764, après la conquête de la Nouvelle France par les Anglais. Il est élève du collège Sainte-Barbe à Paris puis s’engage dans la carrière diplomatique. Il sera successivement vice-consul de France en Hongrie, consul de France au Caire, avant de s’éteindre à Paris le 3 mai 1810.

Dessinateur et graveur de talent, écrivain prolifique, Jacques Grasset de Saint-Sauveur est l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages richement ornés de gravures aquarellées. Outre deux romans d’aventure – Les Amours du Comte de Bonneval et Le Sérail – illustrés par ses soins, il a publié, entre autres, Costumes civils actuels de tous les peuples connus (1788), Costumes des représentants du peuple (1795), Recueil complet des costumes des autorités constituées civiles, militaires et de la marine (1796), L’Antique Rome, ou description de tout ce qui concerne le peuple romain, dans les costumes civils, militaires et religieux (1796), Description des principaux peuples d’Asie, contenant le détail de leurs mœurs, costumes… (1798)… Toutes ces œuvres portent incontestablement la marque d’un esprit encyclopédique, d’un universalisme propre au Siècle des Lumières.

La gravure représentant le Prêtre médecin de la Californie est extraite de son Encyclopédie des Voyages, ouvrage en cinq volumes publié à Paris en 1795-1796. L’auteur précise lui-même qu’il a voulu écrire l’histoire de tous les peuples et faire l’inventaire exhaustif de leurs costumes civils, militaires et religieux, dessinés d’après nature. L’image du Prêtre médecin de la Californie est ainsi l’une des 432 planches qui ornent l’Encyclopédie des Voyages.