Fonds photographique Anne Morgan - Inv. 1880, M481
Née en 1873 à Highland Falls, dans l’État de New York, Anne Tracy Morgan est la fille du banquier John Pierpont Morgan. Active et indépendante, elle refuse très tôt de devenir une «riche idiote», esquive le mariage et participe à la fondation d’associations féminines aux Etats-Unis. À la mort de son père, en 1913, elle hérite d’une fortune considérable. Dès 1914, elle se mobilise en faveur des populations civiles françaises et, en avril 1917, elle crée, avec son amie Anne Murray Dike, le Comité américain pour les Régions dévastées (C.A.R.D.) afin de venir en aide aux populations sinistrées de l’Aisne, particulièrement éprouvées par les destructions et les difficultés de ravitaillement. L’armée française lui confie le domaine de Blérancourt, situé à quelques kilomètres du front. Après la victoire, Anne Morgan achète les ruines encore belles du château de Blérancourt, les restaure et y réunit les premières collections d’un musée des relations franco-américaines qu’elle lèguera à la France en 1929.
En août 1939, lorsqu’éclate la Seconde Guerre mondiale, Anne Morgan est en France. Dès septembre, elle organise, anime et préside le Comité américain de Secours civil (C.A.S.C.) dont une antenne est installée à Blérancourt, une autre à Revin dans les Ardennes, et une troisième à Bellac en Limousin. Pendant la «drôle de guerre» (3 août 1939 - 10 mai 1940), cette association humanitaire fonctionne sensiblement comme le C.A.R.D. Lors de l’invasion allemande, le C.A.S.C. encadre l’exode des populations civiles vers le Sud et aide à l’installation des habitants de l’Aisne dans la Mayenne et de ceux des Ardennes en Vendée et dans les Deux-Sèvres. Anne Morgan quitte la France en décembre 1940 mais y revient en juin 1945, au moment de la libération, accompagnée de nombreux volontaires américains et de neuf tonnes de matériel et de vivres. Le C.A.S.C. poursuivra son œuvre sociale et humanitaire jusqu’au début des années 1950. Quant à Anne Morgan, elle s’éteindra le 29 janvier 1952 dans sa maison de Mount Kisco, près de New York, mais la France n’attendra pas son décès pour exprimer solennellement sa reconnaissance pour cette femme d’action : parmi de nombreuses distinctions honorifiques – Mérite agricole, Croix de Guerre, Palmes académiques –, Anne Morgan reçoit la Légion d’Honneur en 1924 ; elle est élevée au grade de Commandeur en 1932.