AnonymeÉcole américaineCarte à jouer, vers 1801Dessin à la plume avec rehauts d’aquarelle6,6 x 9,5 cmInv. MNB 56C1
Atala connaît, lors de sa parution en 1802, un succès retentissant : plus de cinq éditions paraissent entre 1802 et 1805 L’exotisme, l’évocation lyrique de la nature américaine, un récit où dominent l’impossibilité d’aimer et la douleur de la mort, font de ce court récit l’un des textes fondateur du romantisme.
Le succès d’Atala dépasse largement le cadre de nos frontières comme en témoigne le dessin à la plume qui orne cette carte à jouer conçue aux États-Unis. La scène représentée illustre assez fidèlement ce passage du roman de Chateaubriand : «Les éperviers criaient sur les rochers, et les martres rentraient dans le creux des ormes : c’était le signal du convoi d’Atala. Je chargeai le corps sur mes épaules; l’ermite marchait devant moi, une bêche à la main. Nous commençâmes à descendre de rochers en rochers; la vieillesse et la mort ralentissaient également nos pas. À la vue du chien qui nous avait trouvés dans la forêt, et qui maintenant, bondissant de joie, nous traçait une autre route, je me mis à fondre en larmes. Souvent la longue chevelure d’Atala, jouet des brises matinales, étendait son voile d’or sur mes yeux; souvent pliant sous le fardeau, j’étais obligé de le déposer sur la mousse, et de m’asseoir auprès, pour reprendre des forces. Enfin, nous arrivâmes au lieu marqué par ma douleur…» Atala sera inhumée dans le petit cimetière indigène.
Diverses influences se retrouvent dans cette œuvre : l’exotisme de la végétation américaine cohabite avec le néoclassicisme des stèles funéraires, notamment celle qui marque la tombe d’Atala, dont la présence ne serait pas incongrue dans une nécropole grecque antique.