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Les échanges artistiques aux XIXe et XXe siècles

1850-1914
Peinture

Autoportrait de Leo Stein

Huile sur toile

80, 8 x 44, 7 cm

 

Le nom de Leo Stein (1872-1947) est immédiatement associé à son rôle de mécène et de collectionneur des avant-gardes françaises au tournant du XXeme siècle. On sait moins que Leo Stein a également eu, toute sa vie, l'ambition de peindre.
L'œuvre est une pièce très rare témoignant de cette activité picturale et souligne l'influence de la peinture française sur sa production. L'acquisition de ce tableau ferait entrer le premier portrait du grand collectionneur américain dans une collection publique française.

 

Leo Stein, collectionneur des avant-gardes parisiennes 
L'itinéraire de Leo Stein à Paris est assez bien connu : arrivé à Paris en décembre 1902. Il s'installe au 27 rue de Fleurus où il est rapidement rejoint par sa sœur Gertrude, son frère Michael et l'épouse de ce dernier, Sarah.
Leo s'impose comme le mentor artistique à la fratrie. Conseillé par son ami Bernard Berenson, il découvre d'abord Cézanne, puis fait la connaissance de Vollard, Matisse, Picasso... En 1905, il achète La Femme au chapeau de Matisse qu'il a découvert au Salon d'Automne L'achat du chef-d'œuvre fauve de Matisse peut être considéré comme un tournant pour  cette collection qui va désormais se focaliser sur les avant-gardes.
A partir de 1906, les Stein tiennent salon rue de Fleurus, le samedi. Selon les témoignages de ses contemporains, Leo en est, à l'époque l'animateur et la vedette, bien plus que sa sœur Gertrude. Guidé par la passion de l'art, il est un causeur brillant qui désireux de faire découvrir l'art moderne à ses contemporains.
Dès 1908, il  se détourne de la peinture de Matisse et plus tard rejette franchement la peinture cubiste.
En 1913, la rupture est consommée avec Gertrude, leur collection est partagée et Leo part s'installer en Italie à Settignano, entouré de ses tableaux de Renoir.

L'autoportrait de Leo Stein

Le sujet de ce portrait est particulièrement intéressant car Leo Stein, collectionneur et critique d'art, s'y représente en artiste.  Fidèle à l'iconographie traditionnelle de l’autoportrait de peintre, il se regarde dans un miroir,  campé derrière son chevalet, pinceaux à la main. L’expression tourmentée du personnage rend bien compte de la personnalité complexe de Leo Stein.
La facture assez habile et vigoureuse révèle deux influences majeures : celle de Cézanne  et celle de Matisse.
Cézanne est l'une des figures tutélaires du panthéon de Leo Stein : ici la composition et les coloris sont clairement inspirés des portraits du peintre aixois.
La seconde influence, plus évidente encore, est celle de Matisse : l'utilisation des rehauts de couleurs vives.  Le bleu-vert sur le visage est une quasi citation des portraits fauves de Matisse. On pense à La Dame au chapeau de 1905, aujourd'hui au San Francisco Museum of Art mais également à l'Autoportrait de Matisse (Statens Kunst Museum, Copenhagen). Les rehauts de couleur bleu et jaune le long du chevalet semblent être un hommage à l'utilisation de couleurs intenses que Leo Stein admirait énormément chez Matisse.

Cet autoportrait de Leo Stein a été montré pour la première fois au public en 2011-2012 dans l'exposition « Matisse, Cezane, Picasso. L'aventure des Stein» (Grand Palais, San Francisco Museum of Modern Art et Metroplitan Museum of Art).  C'est une découverte qui vient enrichir les rares représentations peintes connues du collectionneur américain. En effet, en dehors de quelques caricatures en 1905 et du très beau portrait dessinés par Picasso en 1906-10, les traits de Leo Stein sont surtout connus par des photographies.

 

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